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On entend souvent : « Les fondamentaux sur les marchés sont lourds », « les fondamentaux sont tendus »

Mais finalement, les fondamentaux, c’est quoi ?

Les fondamentaux c’est l’offre et la demande

L’offre

Également appelée ressource, l’offre sur un marché correspond à la quantité de marchandise disponible.

On fait souvent le raccourci entre offre et production mais cela va plus loin. En effet, il ne faut pas oublier que les importations constituent également une partie des disponibilités et donc de l’offre. Enfin, d’une année sur l’autre, il reste généralement des stocks et ces volumes viennent s’ajouter aux précédents.

En résumé : Offre = production + importation + stocks de début

Comment suivre la production ?

Pour obtenir la production, il faut multiplier les surfaces semées par le rendement. Il faut donc attendre la récolte pour connaître le réel niveau de production. Avant la moisson, les analystes se risquent à des estimations en prenant les surfaces semées et un rendement potentiel. Ils réajustent ensuite ce dernier en fonction des conditions de cultures.

Une fois le chiffre sorti, il est comparé au chiffre de production de l’année passée et de la moyenne des 5 dernières années.

Comment suivre les importations ?

Même si le niveau global des importations est à surveiller, ce que les analystes regardent vraiment, c’est la dynamique avec laquelle les produits sont importés.
Exemple : La campagne 2018-2019 en orge brassicole illustre l’impact baissier d’une dynamique d’import. En effet, certains pays européens ont importé en 3 mois ce qu’ils mettaient habituellement 7 mois à importer. La quantité globale importée est restée la même mais avec un rythme plus soutenu pendant une période de l’année. L’accélération de la dynamique a eu un impact baissier sur le marché.

En résumé, pour les importations, on regarde le chiffre absolu mais surtout la dynamique.

Comment suivre les stocks ?

stockage de céréales
Silos de blé

Lorsque l’on analyse les stocks, on regarde soit les stocks de fin de campagne; soit les stocks de début, c’est-à-dire ce qu’il reste sur le marché de la campagne précédente. Tout ce qui n’a pas été écoulé l’année précédente se retrouve donc en volume disponible sur le marché.

Dans le jargon d’analyste : stock de début = stock de fin = stock de report

La demande

La demande, c’est la quantité de marchandise demandée par les acheteurs pour un prix donné.

Sur le marché, pour la demande, nous regardons deux données : la consommation et l’export.

En résumé : demande = consommation + exportation

Comment suivre la consommation ?

En fonction des produits, les analystes regardent la consommation différemment. Si pour le blé, 80 % de la consommation est humaine, pour le maïs, les débouchés sont plus éparses. Entre l’alimentation humaine, animale ou encore de l’énergie comme l’éthanol, l’analyse de la consommation se fait plus dans le détail.

nourrir les vaches
Alimentation du bétail

Par exemple: si l’on observe une baisse de la consommation de maïs chez les fabricants d’aliments du bétail, alors il faudra se demander pourquoi ? Si dans le même temps, la consommation d’autres céréales augmente dans ce secteur, alors cela voudra certainement dire que le prix du maïs était trop cher vis-à-vis des autres produits.

Même si une analyse détaillée est importante pour juger des besoins de tel ou tel secteur, l’essentiel reste d’observer si la consommation globale continue de croître ou non.

Comment suivre les exportations ?

L’export a une place plus significative dans l’analyse de la demande par rapport à la consommation globale d’un pays qui varie peu d’une année sur l’autre,

Par exemple, en France, c’est 50 % du blé produit qui est exporté.

le stockage au port de Rouen
Silos au port de Rouen

Les exportations se catégorisent en deux parties : les exports Pays-Tiers, c’est-à-dire hors de l’Union européenne et les exports intra-UE. Les analystes observent avec attention les exports Pays-Tiers afin de voir si de nouveaux clients apparaissent. Aux débouchés traditionnels comme l’Algérie ou encore le Maroc peuvent s’ajouter de nouvelles destinations. Ces marchés d’opportunités interviennent lorsque le prix du blé français est moins cher que le reste du monde. Dans ce cas, on parle de bonne dynamique export, ce qui conduit généralement à une hausse des prix.

Offre et demande : l’équilibre à surveiller des fondamentaux

Entre tension et lourdeur

Ce qu’il faut surveiller dans le système d’offre et de demande, c’est l’équilibre entre les deux.

Offre > demande = fondamentaux lourds = marché baissier

Quand l’offre est supérieure à la demande, alors des stocks vont se constituer : on parle alors de fondamentaux lourds. Dans cette situation, le marché est généralement baissier.

Offre < demande = fondamentaux tendus = marché haussier

A l’inverse, lorsqu’il y a davantage de demande, on parle de fondamentaux tendus. C’est alors que les cours reprennent le chemin de la hausse.

Les intervenants

logo de france agrimer

En France, c’est FranceAgriMer qui dresse tous les mois l’état des lieux de l’offre et de la demande sur le marché agricole.

logo de l'USDA

Le rapport USDA (le rapport le plus connu) détaille la production, les stocks, les exports ou encore la consommation intérieure des pays du monde entier.

La mise à jour de ces chiffres est toujours très attendue et peut engendrer d’importants mouvements de marché.

Prendre du recul pour bien comprendre l’info donnée

image de quelqu'un de perdu
Attention à ne pas se perdre

Il est essentiel de prendre du recul par rapport aux fondamentaux sur les marchés. D’abord parce que n’est pas la seule chose qui fait bouger les cours, et surtout parce que les bilans cachent souvent des contre-vérités.

Exemples

« La production d’orge de printemps devrait augmenter de + 40 % en 2019 en Suède ».

Au premier regard on lit: hausse de la production = fondamentaux lourds = marché baissier. Or, l’année 2018 avait été marquée par une production anormalement faible dans ce pays. De ce fait, la hausse annuelle de + 40% n’est en réalité qu’un retour à la normale.

« La production de blé chinoise augmente ».

Derrière cette phrase baissière se cache deux éléments incontournables. Tout d’abord, les analystes peinent à obtenir les chiffres chinois puisqu’une certaine opacité ressort de ce pays. Ainsi, difficile de vérifier l’exactitude des chiffres. Enfin, il est essentiel de regarder les échanges du pays. Pour cause, la Chine n’est ni exportatrice, ni importatrice de blé donc nous pouvons considérer qu’elle n’a pas de réel rôle à jouer dans le marché mondial du blé.

Une règle d’or : PRENDRE DU RECUL sur les bilans, et ne pas se concentrer seulement sur le chiffre brut et faire attention aux effets d’annonces. (je vous conseille d’aller lire mon article sur Pourquoi l’info gratuite ne suffit pas pour s’en sortir face au marché).

Il est essentiel d’analyser les variations pour conclure sur : « les fondamentaux sont tendus » ou « les fondamentaux sont lourds ».

Vous avez des questions sur les fondamentaux sur les marchés ? Vous ne savez pas comment interpréter une information ? Je vous invite à prendre directement rendez-vous avec Pierre pour échanger par téléphone et trouver ensemble les solutions qui vous conviennent le mieux.

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