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Trajectoires croisées pour les deux premières céréales au monde

Blé et maïs sont les premières céréales produites sur Terre. Aussi proches que différentes, ces deux matières premières sont les meilleurs ennemies.

L’histoire du maïs a commencé il y a 9000 ans dans une haute vallée montageuse du Mexique. Le blé a quant à lui été domestiqué il y a 10 000 ans dans le croissant fertile (actuels Liban, Syrie, sud de la Turquie).

Aujourd’hui, le maïs est la première céréale produite au monde avec 1 205 Mt produites en 2021/2002 avec comme principal débouché l’alimentation du bétail pour 62%. Le blé est la seconde céréale produite au monde avec 775 Mt produites en 2021/2022. Son principal débouché est l’alimentation humaine pur 81%.

Le maïs, avec 5,8 T/ha de rendement moyen dans le monde, affiche 65% de productivité de plus que le blé et ses 3,5 T/ha de rendement moyen dans le monde.

Le blé contient 12% de protéines en moyenne soit 50% de plus que le maïs qui n’en contient que 8 % seulement.

La production mondiale de maïs a été multipliée par 2 depuis 20 ans avec un gain de + 600 Mt. Beaucoup plus modeste, la production mondiale de blé a progressé d’un tiers depuis 20 ans avec un gain de 190 Mt.

Le rendement mondial du blé gagne 27% en 20 ans, alors que le rendement mondial du maïs gagne 36% en 20 ans.

La surface mondiale de maïs gagne 47% en 20 ans tandis que la surface mondiale de blé gagne 4,2% en 20 ans.

Le maïs, premier aux Etats-Unis et le blé premier en Europe

Les deux zones produisent du blé et du maïs mais les proportions y sont totalement inversées.

370 Mt de maïs sont produites chaque année en moyenne aux Etats-Unis contre 50 Mt de blé.

L’Europe produit 150 Mt de blé tous les ans contre 65 Mt de maïs.

La base et la force de l’économie agricole céréalière américaine c’est d’abord le maïs avant le blé. C’est le contraire en Europe où la base de l’économie céréalière s’appuie sur le blé, puis vient le maïs.

Marché mondial : un maïs concentré contre un blé éclaté

4 pays se partagent 90 % du commerce mondial du maïs, dont 50% pour les seuls Etats-Unis. Viennent ensuite le Brésil, l’Ukraine et L’Argentine.

8 pays se partagent 90 % du commerce mondial du blé. Canada, USA, Union Européenne, Ukraine, Russie Kazaksthan, Argentine et Australie.

Un seul problème de production de maïs aux Etats-Unis et c’est tout le marché mondial qui s’envole.

En blé, il faut des problèmes dans plusieurs pays à la fois avant que le marché mondial ne s’envole car la concurrence y est multiple.

La zone de bataille : l’alimentation du bétail

Blé et maïs ont un débouché commun : celui de l’alimentation du bétail.

Certaines zones n’utilisent pratiquement que du maïs pour nourrir les animaux d’élevage. C’est le cas de l’Amérique du Nord et du Sud. Le maïs y est abondant et très souvent beaucoup moins cher que le blé.

C’est le cas également du Moyen-Orient et de l’Afrique. Dans ces pays, la production locale de céréale est insuffisante et il faut importer, alors autant importer du maïs, souvent moins cher que le blé.  C’est aussi culturel dans cette grande région : le blé nourrit les hommes, le maïs nourrit les animaux.

D’autres régions utilisent indifféremment le blé et le maïs en alimentation du bétail et changent de formule au gré des rapports de prix. C’est le cas de l’Europe où l’écart de prix blé/maïs est bien moins large que sur le marché mondial car le blé est en excès et exporté alors que le maïs est en déficit et importé. C’est le cas également de l’Asie où il y a beaucoup moins de freins culturels à nourrir les animaux avec du blé qu’au Moyen Orient ou en Afrique.

La relation de prix blé-maïs : je t’aime, moi non plus

Les prix du maïs sont passés 92% du temps sous le prix du blé sur le marché mondial depuis 20 ans. A l’échelle mondiale, le maïs est plus productif que le blé à l’hectare et ses coûts de production sont moindres. D’où cette différence de prix « naturelle ». Toutefois, cet écart de prix blé-maïs peut varier.

Trop de blé sur le marché ? Les cours du blé s’effondrent et rejoignent ceux du maïs pour lui prendre des parts de marché en alimentation du bétail.

Pas assez de maïs ? Les cours du maïs s’envolent jusqu’à rejoindre ceux du blé afin que ce dernier lui prenne des parts de marché en alimentation du bétail.

Pas assez de blé ? Là, ça coince. Difficile pour les populations dont la nourriture de base est le pain de changer de régime alimentaire pour manger des tortillas de maïs comme au Mexique. Donc en cas de pénurie de blé les cours du blé peuvent s’envoler sans ceux du maïs. Certes le maïs en profitera un peu. Il va récupérer de la demande en alimentation du bétail tandis que le blé va chercher à rationner sa demande en alimentation du bétail par une hausse de prix. La deuxième solution pour le blé après le rationnement de l’alimentation du bétail, c’est le rationnement de la demande humaine. Mais hélas bien souvent, un tel scénario fini mal avec des famines et de graves instabilités dans le monde.

A chacun son soutien caché

Le maïs a contrairement au blé un soutien caché du côté des biocarburants. C’est le soutien de l’éthanol. Quand le prix de l’essence s’envole, le marché de l’éthanol tire la demande de maïs et soutien ce dernier, puisqu’en effet, 40% du maïs est utilisé pour fabriquer de l’éthanol aux Etats-Unis.

Le blé a, de son côté, le soutien caché du soja dans l’alimentation du bétail.  Quand les cours de la graine et des tourteaux de soja s’envolent, le coût de la protéine explose dans les formulations pour les aliments du blé. Ainsi les 4 points de protéines en plus détenus par le blé face au maïs prennent une grande valeur et permette au blé malgré un prix nettement plus cher que le maïs de rester attractif aux yeux des fabricants d’aliment du bétail.

Conclusion : deux marchés indispensables à suivre en même temps

Nés il y a des millénaires à des endroits totalement différents sur la planète, le blé et le maïs sont aujourd’hui complètement mondialisés. Bien qu’indépendantes, leurs trajectoires sont liées. Que l’on produise du blé ou du maïs, c’est le marché de ces deux produits qu’il faut suivre en même temps pour bien comprendre la tendance des céréales en général.

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